"Nous avons battu un record avec près de 18 millions d’euros de chiffre d’affaires": à Grimaud, les câbles Lapp Muller en mode conquête

Devenir chasseur plutôt que fermier. C’est ainsi que Marc Fernandes, directeur général de l’entreprise Lapp Muller à Grimaud, résume la stratégie proposée il y a deux ans à l’actionnaire allemand Lapp, propriétaire depuis plus de vingt ans de la PME varoise.
"Le groupe qui fabrique dans 27 usines des câbles de tout type avait racheté l’entreprise à la barre du tribunal car sa compétence sur le câble robotique l’intéressait", résume le dirigeant pour qui la société varoise fondée initialement à Courbevoie en 1939 par Jean Muller avant de déménager à Grimaud en 1992, peinait depuis des années à trouver son modèle économique.
"En 2022 et 2023, nous avons battu un record avec près de 18 millions d’euros de chiffre d’affaires, mais j’ai alerté les actionnaires sur le fait que nous étions portés par le marché, et s’il s’effondrait, l’entreprise aussi."
D’où le plan de reconquête de nouveaux segments, lancé dès 2022, qui a permis de déterminer deux axes de croissance: la Défense, et la recharge de bateaux électriques.
De quoi faire fructifier le savoir-faire de la PME de 116 salariés réputée pour sa capacité à concevoir du "sur mesure", même si 20% de son chiffre d’affaires sont générés par la fabrication de câbles standards commercialisés par la maison mère, depuis l’Allemagne. Des 5.000m² d’ateliers de Lapp Muller, sortent en moyenne 200km de câbles par mois.
"Nos commerciaux ont un profil très technique pour aider les clients à affiner leur besoin, en fonction du milieu dans lequel le câble va évoluer", ajoute le responsable.
Câbles malmenés en haute mer pour actionner les vannes d’une plateforme pétrolière, cordons ombilicaux de rov [petit robot sous-marin contrôlé à distance, ndlr] ou cœurs du fonctionnement de robots ou d’ascenseurs...
Fiat 500 et TitanicLes usages et marchés des produits Lapp Muller sont multiples, avec une vraie résistance aux conditions extrêmes.
"On aime bien rappeler que nous sommes le point commun entre la Fiat 500 et le Titanic car le câble connectant le robot au rov d’exploration de l’épave sortait de chez nous, tout comme ceux qui entraînent les robots de fabrication de la voiture italienne!"
Aujourd’hui, 35% du chiffre d’affaires proviennent de la robotique, 23% du nucléaire, 10% de l’oil and gas et respectivement 6 et 5% du maritime et de la Défense.
"Mais sur ce dernier secteur, nous pensons monter à 15% ou 20% cette année", estime Marc Fernandes qui mentionne aussi de "belles commandes" dans l’oil and gas.
À fin avril, l’entreprise grimaudoise revendique ainsi 7,5 millions d’euros de commande, "dont plus de 49% sur la Défense." La stratégie passe aussi par une politique de ressources humaines qui encourage la polyvalence, avec un système de prime.
"On a réduit nos délais de production de 16 à 8 à 10 semaines", précise le directeur général assez fier de l’atelier aux multiples lignes de fabrication.
"Un même câble peut contenir jusqu’à 65 éléments", commente le dirigeant face à une machine de 10m de haut, qui génère 30% du chiffre d’affaires, dans l’entretien de laquelle la PME vient d’investir 200.000 euros.
L’une des curiosités des portes ouvertes organisées vendredi 13 juin pour renforcer la visibilité de cette pépite industrielle.
Var-Matin